PAPILLOMAVIRUS HUMAINS RISQUES
et PREVENTION
Les infections à papillomavirus humains (HPV) sont-elles fréquentes ?
Pr Cécile Badoual (Anatomopathologiste,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. toutsavoir-hpv.org).
Les HPV sont des virus très contagieux. Lors de lentrée
dans la vie sexuelle, 80% de la population générale est contaminée, les deux sexes à part égale. Cest la première infection
sexuellement transmissible. Certains HPV présents sur les muqueuses (vagin, col de lutérus, anus, pénis, fond de gorge) peuvent
être dangereux, à lorigine de cancers. Dautres situés sur la peau, à lorigine de condylomes, papillomes ou verrues, ne le sont
pas.
Comment ces infections se développent-elles ?
Plus de 120 variétés de HPV existent. La plupart
sont sans danger. Une quinzaine seulement sont dits à haut risque (HR) car ils peuvent induire des cancers, surtout les HPV 16 et 18
(en cause dans 70% des cas). Les infections aux HPV à HR restent 8 à 9 fois sur 10 sans conséquence : le virus est éliminé en trois
à vingt-quatre mois par le système immunitaire. Dans 10% à 20% des cas, il sintègre dans les cellules où il reste stagnant pendant
des décennies : cest dans ce contexte quun cancer peut survenir. Une baisse de limmunité, même passagère, et la multiplication
des partenaires sexuels sont des facteurs favorisants. Le processus est lent et silencieux : des lésions précancéreuses se forment
dabord, en cinq à dix ans, puis deviennent cancéreuses et invasives dix à vingt ans plus tard. On compte environ 6000 nouveaux cas
de cancers HPV induits par an en France, dont 3000 cancers du col de lutérus (1100 décès), 1500 cancers ORL (85% dhommes), 1000
cancers de lanus (72% de femmes), quelques centaines de cas de cancers du pénis, du vagin et de la vulve.
Comment
sont dépistées les lésions précancéreuses aujourdhui ?
Présents chez une majorité de femmes dès le début de leur vie
sexuelle et impliqués dans plus de 90% des cancers du col, les HPV justifient une surveillance, par des frottis et des tests HPV « à
vie ». Pourtant, 40% des Françaises nen font pas. A tort, car le frottis est un moyen simple de détecter des cellules anormales et
didentifier un HPV à HR. Grâce à ce dépistage qui permet la découverte de lésions précancéreuses, 25000 « conisations » préventives
(ablation du col utérin) sont réalisées en France chaque année (ce qui, au prix dun risque accru de fausse couche et de
prématurité, permet déviter le cancer du col). Malheureusement, le frottis dans dautres zones lanus par exemple, nest pas aussi
fiable, ni bien accepté. Dans la sphère ORL (fond de gorge : amygdales, base de la langue), il nest pas efficace, et les autres
tests (salivaires) sont insatisfaisants. Ainsi 80% des patients sont vus au stade de cancer ORL évolué, car non dépistés
!
Les vaccins sont-ils efficaces ?
Très efficaces, mais du fait de la longue durée dévolution de
linfection, il a fallu dix à quinze ans pour le démontrer, ce qui a donné du temps aux ennemis du vaccin pour le critiquer. Dans
les pays où depuis dix ans la vaccination a été large et mixte (Australie, Etats-Unis, Canada), les nouveaux cas de lésions
précancéreuses du col de lutérus ont chuté de 90% ! En France, les vaccins sont recommandés pour les jeunes filles de 11 à 14 ans
et en rattrapage jusquà 19 ans révolus. Egalement pour les immunodéprimés et les hommes homosexuels jusquà 26 ans. Un vaccin
contre 9 variétés de HPV sera bientôt disponible. Il assurera une protection contre 90% des HPV carcinogènes (HR), au lieu de 70%
actuellement.
La vaccination est-elle dangereuse ?
En dix ans, plus de 270 millions de doses de vaccins ont
été distribuées à travers le monde. LOMS a examiné à sept reprises la sécurité des vaccins, quelle qualifie « dextrêmement sûre
».
Est-elle suffisamment étendue ?
En Australie où 80% des femmes et 75% des hommes de 15 ans sont
vaccinés, les cas de lésions à HPV napparaissent quasiment plus ! Moins de 20% des jeunes Françaises le sont. Cette couverture est
insuffisante (un taux de 60% est requis pour observer une baisse globale). Il faudrait quen France la vaccination soit élargie à
tous les garçons adolescents pour une prévention maximale et complète.